Deux grandes lectures

L’histoire de Pi

Ce fameux livre de Yann Martel, qui s’est récolté les honneurs en 2002 avec, entre autres, le prestigieux Man Booker Prize, était depuis longtemps sur ma liste de lectures. Non parce qu’il m’avait l’air à tout casser, mais parce qu’il m’intriguait.

Je peux compter sur les doigts d’une main les livres qui m’ont à ce point aspirée. Je me suis farci les 330 pages de Life of Pi, dans son excellente traduction française, en quatre jours. Je peux vous assurer que j’ai intrigué tous ceux à qui j’ai résumé, au fur et à mesure, les chapitres du récit. Alléchés, ils voulaient toujours en savoir plus.

L’extraordinaire histoire est celle de Pi, un jeune Indien dont le père tient le seul zoo de Pondichéry, colonie française de l’Inde. Tout petit, très brillant, il s’intéresse à toutes les religions, à tous les animaux et se distingue des jeunes de son âge. Mais pour des raisons politiques, ses parents décident, alors qu’il a 16 ans, de déménager au Canada. S’ensuit alors un long voyage en bateau, avec à bord plusieurs animaux du zoo, mis en cage, qui font la route parce que vendus à des Américains. Mais une catastrophe arrive en cours de route. Et c’est à partir de ce moment que l’incroyable attente commence. Sur un radeau dans le Pacifique.

Le début de l’histoire peut paraître long, surtout avec les interminables descriptions d’animaux et les quelques digressions philosophiques sur les religions. Mais celles-ci sont très pertinentes, surtout dans l’Inde de l’époque, et apportent une intéressante réflexion sur les fondements réels de l’islam, du bouddhisme et de la chrétienté. Le reste de l’histoire, quant à lui, est très bien maîtrisé. Le vocabulaire et le style sont parfaits pour un tel récit et jamais le lecteur n’a à se poser de questions sur le narrateur: tout est clair comme de l’eau de pluie. Vraiment, une lecture qui en dit long sur l’être humain. Très long.

Je tiens à souligner que toute l’histoire derrière ce roman est véridique. Piscine Molitor Patel, ce jeune Indien rescapé maintenant devenu grand, existe bel et bien. C’est un concours de circonstances qui a fait que Yann Martel a rencontré quelqu’un en Inde, qui lui a fait connaître Pi. Cette histoire, pourtant à dormir debout, est donc arrivée pour vrai. Et c’est ça qui est incroyable.

/Yann Martel, L’Histoire de Pi, XYZ Éditeur, 2003

Il était une fois l’URSS

A-d-o-r-é. Mon appréciation tient en un seul mot. Imaginez-vous le portrait: un journaliste français et un photographe, tous deux reporters pour Paris-Match, partent avec leurs femmes en voiture dans l’Union soviétique de Khrouchtchev, en 1956, pour faire des reportages sur la vie des Russes que le Rideau de fer tient coupés du reste du monde. Et cela, avec l’autorisation du régime lui-même. Incroyable, vous direz-vous. Et je vous donnerai raison.

Le voyage débute à Paris pour les quatre compagnons, qui mettent le cap sur Brest-Litovsk, la frontière soviétique, où ils doivent montrer patte blanche aux gardiens et à tout le personnel dépêché par le Parti. À leur arrivée, ils font la connaissance d’un journaliste soviétique, Slava, qui les accompagnera dans leur périple.

Sur les 13 000 km de route, qu’ils parcourront avec une Marly française qui fait sensation et rassemble les foules, le journaliste Dominique Lapierre, le photographe Jean-Pierre Pedrazzini, leurs deux femmes Aliette et Annie, et le journaliste Slava, bientôt accompagné de sa femme Vera, découvriront les profondeurs de l’Union soviétique, les fonctionnements de ce régime communiste restrictif, la pauvreté des Russes, mais aussi leur accueil si sincère et la grandeur de leur peuple. Depuis Moscou jusqu’aux champs d’Ukraine, en passant par la magnifique Yalta et les montagnes du Caucase, ce récit est splendide. On voudrait être avec eux sur les routes poussiéreuses, avec ce Géorgien qui embrasse Dominique pour lui démontrer son amitié, avec un calepin et un crayon pour pouvoir mieux en témoigner. Ce métier de reporter, c’est un rêve.

Même si vous n’avez rien à faire du journalisme, ce récit vous emportera assurément. Jamais de longueurs, toujours des anecdotes, très vivant, dépaysant à souhait, c’est comme si on y était. Je n’ai que des éloges.

Dominique Lapierre, qui signe le récit, est un journaliste et un écrivain de talent, dont j’ai déjà lu d’autres livres. Avec lui, tous les pays du monde, tous les conflits deviennent d’une simplicité d’enfant, dans une prose juste et sincère. Vraiment, je conseille.

/Dominique Lapierre, Il était une fois l’URSS, Pocket, 2003

un commentaire

  1. Salut Geneviève ! Tu parle d’Histoire de Pi, il est justement en ce moment dans ma bibliothèque à attendre que je le lise. Tu viens de m’en donner encore plus envie !!! (il faut juste attendre que j’ai fini mon volumineux et formidable Un monde sans fin (de Ken Follet)).

    Par ailleurs, c’est drôle que tu parles du livre de Dominique Lapierre, c’est un de mes auteurs préférés ! J’ai lu ce livre, bien entendu, mais aussi beaucoup de ses autre livres. C’est un écrivain formidable. Mais son meilleur selon moi est sans doute Plus grand que l’amour: une cronique majestueuse et absolument touchante sur les faits véridiques qui ont entouré la découverte du sida ainsi que l’incroyable bataille qui fut livrée pour la découverte d’un remède à ce mal. On y ressent avec force la détresse des personnes touchées par ce fléau. Sérieux, ça fait près de 10 ans que je l’ai lu et ce livre demeure dans mon top 5 des meilleurs livres que j’ai lu. Ma mère l’a, tu lui emprunteras si tu veux le lire à Montréal.

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